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A propos d’Irène d’Alain Cavalier et d’un article paru chez Klincksieck

lundi 16 juillet 2012, par Sébastien Rongier

C’était en 2009. Invité à participer au « séminaire Interarts de Paris » autour du thème l’extrême, j’avais donné ce titre générique « Au bout de l’image, la relève des morts ». L’idée première avait été d’évoquer un moment particulier de l’évolution de la relation entre le cinéma et la mort : la fin des années soixante peut apparaître comme un point aveugle et un retournement de cette relation. L’idée avait été celle d’articuler le documentaire Gimme Shelter (1970) à la fiction La Nuit des morts-vivants (1968) de Romero, tout en rappelant le poids du film d’Abraham Zapruder, film amateur ayant saisi le 22 novembre 1963 l’assassinat brutal et violent de JF Kennedy à Dallas. La question qui occupe alors mon esprit est celle d’un art qui fait sépulture, pour reprendre une expression de Michel Deguy.

J’en étais donc là de l’écriture de ce texte : je croisais une lecture rapide et hétérodoxe de La Chambre claire de Barthes et de la pensée de Derrida ; je rappelais la photographie d’Hippolyte Bayard, Autoportrait en suicidé par noyade (18 octobre 1840).

Et puis tout s’est arrêté lorsque je suis allé voir Irène d’Alain Calvalier qui sortait dans quelques salles en octobre 2009. Et là, l’évidence qu’il fallait saisir ce film, sa densité. Le film s’imposait à moi. Il déborderait mon propos initial.



Plus tard un échange s’est engagé avec Alain Cavalier, échange discret et lointain... même si une fois alors que j’étais plongé dans la dioptrique de Descartes, le téléphone avait sonné... c’était lui qui m’appelait pour me dire qu’il avait lu la veille Ce matin. La surprise totale et radicale de ce grain de voix qui participait de mon intimité cinématographique (ou radiophonique) m’avait laissé un peu crétin. Je me souviens d’avoir essayé de bredouiller quelque chose. En vain. J’avais été pris par la surprise.

Plus tard, je lui avais envoyé une copie du texte qui vient de paraître chez Klincksieck. Il termine son petit mot de retour par cette phrase que je partage : « Je n’habite plus mon chagrin mais le tronc creux de son arbre feuillu encore ».

Depuis Irène, il y a bien sûr eu Pater et son aventure cannoise, et il y a également eu le magnifique livre d’Amanda Robles, Alain Cavalier, filmeur, paru en 2011 aux éditions De l’incidence (on serait presque jaloux !). Donc plus modestement, quelques pages de mon côté qui viennent de paraître, et un travail plus conséquent un jour. Car l’œuvre de Cavalier accompagne depuis toujours. Je me souviens gosse du Plein de super, c’est dire (j’en connais d’autres qui aiment ce film). Mais je ne me suis pas vraiment remis de la liberté La Rencontre.

En attendant, chez Klincksieck




Sommaire complet :
Muriel Gagnebin : Hommage à Jean-Louis Leutrat
Marc Jimenez : Avant-propos
Claude Amey : De l’extrême à la démesure
Bernard Andrieu : À l’extrémité de son corps, l’eXtrême ?
Patrick Barrès : « Œuvres de chaos » du land art, paysage de l’extrême
Olivier Beuvelet : La main dans l’image ou l’extrémité du regard amoureux dans Brève histoire d’amour de Kieslowski
Jean-Yves Bosseur : Quelques jalons extrêmes dans la pensée musicale contemporaine
Jenny Chan : Extrême : processus dynamique de l’Inquiétante étrangeté
Éliane Chiron : « C’est ça ! » Le punctum. L’Extrême du langage
Stéphane Dumas : Habiter l’extrême, être habité par l’extrême
Ophélie Hernandez : Lorsque l’extrême se fait informe : trauma et irreprésentable
Jean-Louis Leutrat : Histoire(s) de cinéma comme œuvre extrême
Julien Milly : L’extrême ou les commencements de l’œuvre
Georges Molinié : L’art par le regard : une position extrême
Danièle Pistone : Contre toute attente : la réception de l’extrême artistique
Sébastien Rongier : Au bout de l’image, la rencontre des morts
Jean-Pierre Sag : L’extrême du regard : le regard regardé
François Soulages : L’extrême et l’esthétique





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